Mesurer la qualité de l’air à la réception d’un bâtiment : quel intérêt ?
Dans le contexte sanitaire actuel, il est essentiel que la conception de nos lieux de vie intègre désormais les enjeux de santé et en particulier celui de la qualité de l’air intérieur. En effet, parmi les sollicitations environnementales qui peuvent avoir une influence sur notre santé, l’air que nous respirons tient une place essentielle. Nous respirons en permanence, et pendant 90 % du temps, dans des espaces bâtis. 15 kilogrammes d’air sont en moyenne inhalés par jour à raison de 0,5 litre à chaque mouvement respiratoire. Face à ce constat, la mesure de qualité de l’air intérieur semble indispensable pour apprécier les concentrations des différents polluants que nous respirons et appréhender les éventuels impacts sur notre santé.
La qualité de l’air des bâtiments est sous l’influence à la fois de l’air extérieur et des sources de pollution internes au bâtiment. Si toutes les étapes d’un projet de construction ou de rénovation sont importantes pour limiter les sources d’émissions de polluants et garantir la qualité de l’air dans les bâtiments, la phase réception est fondamentale car elle permet de contrôler les choix et la mise en œuvre des produits du bâtiment et le bon fonctionnement des équipements avant l’arrivée des occupants.
Que ce soit pour s’assurer de la qualité sanitaire de l’air inhalé par les occupants d’un bâtiment, valider les choix de conception ou répondre aux exigences d’une certification ou d’un label, la mesure de qualité de l’air à la réception d’un bâtiment impose de l’organisation et de la rigueur.
Mesurer la qualité de l’air à la réception d’un bâtiment : quels sont les prérequis ?
La mesure de qualité de l’air intérieur à la réception d’un bâtiment permet avant tout d’évaluer l’impact des choix de produits et d’équipements réalisés lors de la phase conception et de contrôler le respect des bonnes pratiques de mise en œuvre au cours du chantier. Elle permet de caractériser et quantifier les émissions liées uniquement au bâtiment. Les résultats de cette campagne servent en effet de « référence » avant l’ameublement des locaux et l’arrivée des occupants.
Malheureusement, les campagnes de mesures de qualité d’air intérieur sont souvent réalisées dans des conditions qui ne peuvent être jugées optimales en raison notamment des contraintes de planning… Travaux en cours, absence de renouvellement d’air, stockage de produits sur le chantier sont des situations régulièrement rencontrées lors de la réception qui expliquent souvent les concentrations élevées que l’on peut mesurer dans l’air des bâtiments.
Pour que les résultats soient représentatifs de la qualité de l’air inhalée par les futurs occupants, une campagne de mesure doit être anticipée et préparée.
Elle doit avant tout chose être réalisée avant l’arrivée des occupants et sans mobilier. Il est essentiel de s’assurer que les travaux de finition et de nettoyage de fin chantier soient terminés. Afin que cette mesure soit représentative de la qualité de l’air inhalée par les occupants, un temps de surventilation de 7 jours doit être respecté (voir encadré projet Detox). Pour s’en assurer, il est donc indispensable que ce dernier soit intégré, dès la phase conception, dans le planning du projet. Après cette période de surventilation et avant l’instrumentation du bâtiment, les filtres du système de traitement d’air doivent être changés.
Les livrables du projet DETOX sont téléchargeables à cette adresse : https://librairie.ademe.fr/urbanisme/6636-detox.html
Enfin pour mesurer dans une situation représentative de l’arrivée d’occupants, le système de ventilation doit être dans des conditions normales de fonctionnement pendant toute la durée des mesures. Réaliser une campagne de mesures de qualité d’air intérieur devrait systématiquement impliquer un diagnostic des systèmes de ventilation.
Mesurer la qualité de l’air à la réception d’un bâtiment : quels polluants ?
La liste des polluants pouvant être mesurés lors d’une campagne de mesures de qualité d’air intérieur est longue… Dans le cadre de la surveillance de la qualité de l’air intérieur des bâtiments recevant du public, il est demandé aux gestionnaires des établissements de mesurer le formaldéhyde et le benzène à chaque étape clé de la vie d’un bâtiment (à la livraison du bâtiment par exemple).
Pour mieux caractériser les émissions des matériaux mis en œuvre dans le bâtiment, il est possible de reprendre la liste des composés de l’étiquetage obligatoire des produits de constructions : formaldéhyde, acétaldéhyde, toluène, tétrachloréthylne, xylène, 1,2,4-triméthylbenzène, 1,4-dichlorobenzène, éthylbenzène, 2-butoxyéthanol, styrène et composés organiques volatils (COV) totaux.
Enfin, une campagne de mesure doit s’adapter au contexte de chaque bâtiment. Si le projet est situé dans une zone où l’air extérieur est chargé en particules fines et en dioxyde d’azote, en raison de la proximité d’un axe de trafic routier par exemple, ces polluants peuvent être intégrés à la campagne pour évaluer leur transfert vers l’air intérieur.
Les projets qui s’inscrivent dans un processus de certification ou de labellisation (HQE, BREEAM, OSMOZ, ECRAINS, etc.) ont une liste de polluants à mesurer et des techniques de prélèvement (passives ou actives) imposées.
L’interprétation des résultats pour identifier les sources d’émissions
De nombreuses campagnes de mesures de qualité d’air intérieur s’attachent uniquement à comparer des concentrations de polluants avec des valeurs seuils. Ces valeurs peuvent être sanitaires ou exigées dans le cadre d’un label ou d’une certification. Et pourtant, la mesure de qualité d’air intérieur peut apporter beaucoup plus. C’est un outil qui valide la sélection des produits et leur mise en œuvre mais qui permet aussi de contrôler le choix et le bon fonctionnement des systèmes de renouvellement d’air. L’interprétation des résultats fait partie intégrante d’une campagne de mesures.
Medieco se tient à votre disposition pour vous accompagner dans la mise en place de campagnes de mesures de qualité de l’air à la réception d’un bâtiment.